Affaire d'altruisme
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by Pepe ©
 
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Le dilemme des prisonniers
Dans le jeu du dilemme du prisonnier, deux détenus sont emprisonnés dans des cellules séparées. La police fait à chacun des deux le même marché:
"Tu as le choix entre dénoncer ton complice ou non. Si tu le dénonces et qu'il te dénonce aussi, vous aurez une remise de peine d'un an tous les deux. Si tu le dénonces et que ton complice te couvre, tu auras une remise de peine de 5 ans, mais ton complice tirera le maximum. Mais si vous vous couvrez mutuellement, vous aurez tous les deux une remise de peine de 3 ans."

Dans cette situation, il est clair que si les deux s'entendent, ils s'en tireront globalement mieux que si l'un des deux dénonce l'autre. Mais alors l'un peut être tenté de s'en tirer encore mieux en dénonçant son complice. Craignant cela, l'autre risque aussi de dénoncer son complice pour ne pas être le dindon de la farce. Le dilemme est donc: "faut-il accepter de couvrir son complice (donc de coopérer avec lui) ou le trahir ?"

Des simulations informatiques montrent qu'il vaut mieux être bon que méchant, indulgent que rancunier, réactif qu'insensible.

Deux pays frontaliers doivent-ils lever des taxes douanières importantes sur les produits importés venant du voisin ? Deux entreprises concurrentes doivent-elles s'entraider pour se partager le marché ou se faire une concurrence sauvage ? Deux espèces vivants sur un même territoire doivent-elles cohabiter passifiquement ou se disputer les ressources disponibles ? etc ...
Les généralités du dilemme provient de ce qu'il est présent même si les deux entités occupent des rôles non symétriques, et même si les récompenses pour l'un ne sont pas comparables aux récompenses de l'autre: seul importe la coopération.

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Le dilemme itéré du prisonnier
Dans son ouvrage devenu un classique "L'Evolution de la Coopération ", Robert Axelrod, professeur de sciences politiques à l'Université du Michigan, étudie de manière empirique et expérimentale les stratégies qui conduisent les joueurs engagés dans une situation du type "dilemme du prisonnier" à coopérer. C'est le résultat inattendu d'une expérience qui lui a servi de point de départ. On a demandé à des experts d'exposer leurs stratégies pour une succession de parties de jeu du dilemme du prisonnier, puis on a opposé les stratégies les unes aux autres dans un tournoi informatique, et c'est la stratégie la plus simple, celle du donnant-donnant, qui a gagné. Cette stratégie consiste à coopérer dans un premier temps pour ensuite imiter les actions de l'autre joueur.

L'analyse de Robert Axelrod montre que la stratégie donnant-donnant est caractérisée par 4 qualités qui en garantissent le succès:
_Une bonne stratégie doit être courtoise: confrontée à un joueur coopératif, il est nécessaire de répliquer;
_Elle doit aussi pouvoir répondre aux provocations: face à une action hostile non sollicitée, il faut réagir;
_Elle doit être indulgente: après avoir ainsi réagi, il faut revenir à la coopération;
_Enfin, elle doit être facilement compréhensible: les autres joueurs doivent pouvoir anticiper les conséquences de leurs actions.

Robert Axelrod illustre avec une variante surprenante la pertinence de cette stratégie, mise en pratique dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale. Voici une synthèse de sa démonstration :
"La situation historique des secteurs calmes le long du front de l'Ouest s'apparente à un dilemme du prisonnier multiples. A tout moment, pour les deux petites unités qui se font face, le choix consiste à tirer pour tuer ou à tirer en évitant délibérément de faire des victimes. Des deux côtés, il est primordial d'affaiblir l'ennemi, car c'est un facteur de survie. A court terme, il vaut donc mieux faire des victimes immédiatement, que l'ennemi riposte ou non."

La guerre des tranchées diffère de la plupart des autres modes de combat, car elle expose pendant des périodes longues deux petites unités dans des secteurs immobiles. Le jeu n'était plus alors un dilemme du prisonnier à un coup, dans lequel le choix dominant consiste à tirer le premier, mais un dilemme du prisonnier itératif, dans lequel des stratégies conditionnelles sont possibles. Le résultat est conforme aux prévisions de la théorie: dans une " situation interactive et itérative", il est possible de déboucher sur une coopération mutuelle stable fondée sur la réciprocité. En l'occurrence, les deux unités ont suivi la stratégie consistant à ne pas tirer les premiers, mais à riposter en cas de rupture de ce pacte implicite.

En plus de la gentillesse et de la réactivité, d'autres qualités facilitent la coopération
Faut-il renoncer aux bénéfices de possibles coopérations futures parce que votre partenaire vient de vous jouer un mauvais tour ? Faut-il attendre qu'il ait exploité deux fois votre gentillesse avant de réagir ? Au contraire, après une réprimande ou un dédommagement, n'est-il pas plus intéressant de renouer ?


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Le dilemme du prisonnier
 
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Je crois que, si les êtres humains que nous sommes ne parviennent pas toujours à évoluer comme ils le souhaiteraient _à s'épanouir professionnellement, sentimentalement et sexuellement (ce que j'appelle les "trois pôles d'intérêts", en psychologie)_ c'est parce qu'il y a des barrages qui entravent leur désir d'accéder à un rêve inachevé. Je pars du principe que tout est possible, à condition de s'entourer de gens qui nous poussent à croire en nous.
 
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Première Guerre Mondiale
"Lorsque les positions se sont stabilisées, la non-agression entre les troupes s'est installée spontanément en de nombreux endroits du front. Elle a peut-être commencé à s'instaurer au moment des repas, servis à la même heure des deux côtés du no man's land. Un témoin a alors noté que sur une section du front, la période comprise entre 8 et 9 heures du matin était considérée comme réservée aux affaires privées, et certains endroits indiqués par un drapeau étaient interdits aux tireurs des deux camps. Durant l'été 1915, un soldat a fait remarqué que cela aurait été un jeu d'enfant d'attaquer la route qui menait aux tranchées de l'ennemi, encombrée de camions de ravitaillement et de citernes, et de faire un massacre. En réalité, c'est le silence qui régnait. Car après tout, si l'on empêche l'ennemi de s'approvisionner, sa réaction sera simple : il fera de même avec vous."

"Ces stratégies prévoyaient la possibilité de répondre aux provocations. Pendant les périodes de restriction réciproque, les ennemis veillaient bien à se prouver les uns aux autres qu'ils pouvaient lancer des représailles si nécessaire. Ainsi, les tireurs allemands avaient l'habitude de faire la démonstration de leur force aux Britanniques : ils visaient les murs des maisons et faisaient feu jusqu'à ce qu'un trou apparaisse. "

D'après le chapitre IV de "L'Evolution de la Coopération", de Robert Axelrod, éditions Odile Jacob.